Guillaume de Deux-Ponts (1754-1810)

Daniel Fisher


§    1

Guillaume de Deux-Ponts, comte de Forbach, puis vicomte de Deux-Ponts est le deuxième fils né de l’union morganatique du duc de Deux-Ponts Christian IV et de Marianne Camasse. Il entre au régiment Royal-Deux-Ponts dès l’âge de 16 ans avec le titre de sous-lieutenant, puis devient colonel en second en 1777, au moment où son frère Christian prend le commandement du régiment avec le grade de lieutenant-colonel. Le traité qui règle la succession du duché de Deux-Ponts entre la veuve de l’ancien duc régnant et le nouveau duc en 1777 le mentionne sous le nom de « Guillaume de Deux-Ponts, Comte de Forbach, capitaine au régiment de Dragons de Schomberg », régiment que son père avait mis en place peu avant sa mort pour lui en confier le commandement. Sous-lieutenant du régiment Royal-Deux-Ponts depuis le 12 novembre 1778, nommé lieutenant-colonel de ce même régiment le 2 octobre 1779, il fait partie en 1780 du corps expéditionnaire français venant en aide aux insurgés américains livrant une guerre d’Indépendance aux Anglais.

§    2

À l’époque de sa participation à la guerre d’Indépendance américaine, Guillaume de Deux-Ponts porte le titre de « comte de Forbach ». C’est sous ce nom qu’il apparaît dans les lettres du baron de Viomenil, commandant en second du corps expéditionnaire français, et qu’il compose une relation de sa campagne américaine1. Embarqué le 4 avril 1780, il navigue avec son frère à bord de l’Éveillé. Le convoi arrive au large de Newport, après une attaque anglaise, le 11 juillet. Guillaume est chargé de commander les bataillons de chasseurs et de grenadiers de sa brigade. Il s’illustre particulièrement, et davantage que son frère aîné, à la bataille de Yorktown en prenant d’assaut la redoute gauche dans la nuit du 14 octobre 1781. Tarleton, officier britannique ayant subi les assauts du régiment Royal-Deux-Ponts, indique que le comte Guillaume figurait parmi « les assaillants les plus acharnés2 ». Sa blessure au cours du siège renforce encore son prestige. Rochambeau confie au duc de Lauzun et à Guillaume de Deux-Ponts le double de la capitulation anglaise ainsi que les drapeaux des ennemis à remettre à Louis XVI.

§    3

En octobre 1781, il appareille en direction de l’Europe à bord de l’Andromaque. La guerre d’Indépendance américaine s’arrête pour Guillaume avec ce retour à Versailles. Ségur, le ministre de la Guerre, lui apprend dans une lettre du 5 décembre 1781 que le roi lui décerne le titre de chevalier de l’ordre militaire de saint Louis ainsi que le commandement du premier régiment de dragons. On le récompense également en l’autorisant à porter le titre de « vicomte de Deux-Ponts ». Il ne figure cependant dans l’Almanach que sous le titre de « chevalier de Deux-Ponts3 ».


 Notes

1. Deux-Ponts (Guillaume, comte de), My campaings in America (1780-1781), Boston, Wiggin & Parsons Lunt, 1868. Son camarade de régiment, le baron Ludwig von Closen a lui aussi ramené d’Amérique un journal de guerre : Closen (Ludwig, baron de), Revolutionary Journal (1780-1783), Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2012.
2. Tarleton (Banastre, lieutenant-colonel), History of the Campaigns of 1780 and 1781, Dublin, Colles-Exshaw-White-H. Whitestone-Burton-Byrne-Moore-Jones and Dornin, 1787, p. 386.
3. Adalbert de Bavière dans son livre Der Herzog und die Tänzerin. Die merkwürdige Geschichte Christians IV. von Pfalz-Zweibrücken und seiner Familie, Neustadt, Pfälzische Verlaganstalt GmbH, 1966, évoque à la page 153, une mention du titre de « comte de Deux-Ponts » pour l’aîné, Christian, et de « chevalier de Deux-Ponts » pour le plus jeune, Guillaume, dans ce qu’il appelle l’ « Almanach militaire de France ».

 Citer cet article

Daniel Fisher, « Guillaume de Deux-Ponts (1754-1810) », dans Isabelle Laboulais (éd.), Flohr. Le voyage en Amérique, ARCHE UMR3400, 2020 (édition numérique : <https://estrades.huma-num.fr/flohr-expo/fr/article/fr-article-2-3.html>, consulté le 13-09-2024)