D3 : Gregorius auf dem Stein

Présentation

Édition : Peter Andersen

Description succincte

  • Témoins : 39 manuscrits
  • Sigles : D3-1 à D3-39 (D3-1 à D3-18 : témoins datés ; D3-19 à D3-39 : témoins non datés)
  • Longueur totale des témoins : environ 720 pages
  • Témoin publié et transcrit : D3-19, probablement le témoin le plus ancien
  • Longueur du témoin publié : 733 lignes et environ 5300 mots (D3-19)
  • Référence numérique : lignes du témoin transcrit D3-19
  • Auteur : anonyme
  • Lieu : Allemagne du Sud, probablement Nuremberg
  • Date : 1384/1421
  • Source : D1

Facsimilés

  • D3-1 (1430 ; Nuremberg SB, Cod. Cent. IV, 79, fol. 142va-149ra, autre sigle N7)
  • D3-2 (1431 ; Francfort-sur-le-Main, Ms. Praed. 7, fol. 151ra-158va, autre sigle F1)
  • D3-3 (1442 ; Innsbruck ULB, Cod. 133, fol. 144vb-152rb, autre sigle I3)
  • D3-4 (1447 ; Sankt Florian, Cod. XI 224A, fol. 153ra-161ra, autre sigle Sf1, encore indisponible en ligne)
  • D3-5 (1452 ; Munich UB, 2° Cod. ms. 311, fol. 96vb-102rb, autre sigle M44, encore indisponible en ligne)
  • D3-6 (1453 ; Salzbourg SN, 2° Cod. 28 D 1, fol. 86rb-91ra, autre sigle Sb1, encore indisponible en ligne)
  • D3-7 (1453 ; Stuttgart, Cod. HB XIV 20,1, fol. 94vb-99vb, autre sigle S1, encore indisponible en ligne)
  • D3-8 (1454 ; Munich BSB, Cgm 361, fol. 438v-449v, autre sigle M11, encore indisponible en ligne)
  • D3-9 (1458 ; Munich BSB, Cgm 1103, fol. 85ra-89rb, autre sigle M25, encore indisponible en ligne)
  • D3-10 (1458 ; Munich BSB (propriétaire d’Augsbourg SSB), 2° Cod. 153, fol. 81vb-86ra, autre sigle A2, encore indisponible en ligne)
  • D3-11 (1461 ; Munich BSB, Cgm 280, fol. 148ra-155ra, autre sigle M7, encore indisponible en ligne)
  • D3-12 (1462 ; Graz UB, Ms. 1961, fol. 139r-146v, autre sigle Gr4, encore indisponible en ligne)
  • D3-13 (1468 ; Munich BSB, Cgm 540, fol. 95rb-100va, autre sigle M20, encore indisponible en ligne)
  • D3-14 (1470 ; Innsbruck LMF, Cod. FB 481, fol. 147va-156va, autre sigle I1, encore indisponible en ligne)
  • D3-15 (1470 ; Munich BSB, Cgm 7247, fol. 3r-20v, autre sigle M42, encore indisponible en ligne)
  • D3-16 (1471 ; Heidelberg, Cpg 31, fol. 128vb-136rb, autre sigle H1, encore indisponible en ligne)
  • D3-17 (1472 ; Bressanone PS, Cod. A 2 (Nr. 2). fol. 133vb-140vb, autre sigle Bx3, encore indisponible en ligne)
  • D3-18 (1472 ; Munich BSB, Cgm 541, fol. 117ra-123vb, autre sigle M21, encore indisponible en ligne)
  • D3-19 (1400/1420 ; Berlin SB, mgf 1251, fol. 90vb-95rb, autre sigle B6)
  • D3-20 (1425/1450 ; Augsbourg UB, Cod. III.1.2° 25, fol. 214rb-222rb, autre sigle Hr8, encore indisponible en ligne)
  • D3-21 (1425/1450 ; Nuremberg SB, Solg. Ms. 36.2°, fol. 120vb-127vb, autre sigle N8)
  • D3-22 (1440/1460 ; Bressanone KK, Cod. S 6 / Ms. 45, fol. 203vb-214vb, autre sigle Bx2, encore indisponible en ligne)
  • D3-23 (1425/1450 ; Colmar, Ms. 343 (catalogue 364), fol. 16vb-23vb, autre sigle Co3, encore indisponible en ligne)
  • D3-24 (1400/1500 ; Tübingen, Cod. Md 118, fol. 154va-158ra, autre sigle T3, encore indisponible en ligne)
  • D3-25 (1440/1460 ; Vienne BT, Cod. 4° 33, p. 171-194, autre sigle W9, encore indisponible en ligne)
  • D3-26 (1440/1460 ; Vienne NB, Cod. 2883, p. 410-430, autre sigle W2, encore indisponible en ligne)
  • D3-27 (1440/1460 ; Vienne NB, Cod. Ser. nova 15166, fol. 140vb-148va, autre sigle W8, encore indisponible en ligne)
  • D3-28 (1400/1500 ; Wolfenbüttel, Cod. 1.D Aug. 2°, fol. 95vb-100vb, autre sigle Wo2, encore indisponible en ligne)
  • D3-29 (v. 1453 ; Vienne NB, Cod. 13695, fol. 145rb-153rb, autre sigle W6, encore indisponible en ligne)
  • D3-30 (v. 1454 ; Karlsruhe, Cod. Donaueschingen 117, fol. 97r-118r, autre sigle D1, encore indisponible en ligne)
  • D3-31 (1454/1463 ; Alba Iulia, Cod. R I 147, fol. 104r-112r, autre sigle Al1, encore indisponible en ligne)
  • D3-32 (c. 1460 ; Berlin SB, mgq 2317, environ fol. 135-140, encore indisponible en ligne)
  • D3-33 (1450/1475 ; Salzbourg SP, Cod. b XII 19a, fol. 91rb-96ra, autre sigle Sb5, encore indisponible en ligne)
  • D3-34 (1461/1474; Heidelberg, Cpg 119, fol. 115r-134v, autre sigle H3, encore indisponible en ligne)
  • D3-35 (1466/1470 ; Innsbruck UB, Cod. 631, fol. 254r-271r, autre sigle I4)
  • D3-36 (1450/1500 ; Erlangen, Ms. B 21, fol. 182ra-191vb, autre sigle El1, encore indisponible en ligne)
  • D3-37 (1450/1500 ; Munich BSB, Cgm 208, fol. 79va-83va, autre sigle M2, encore indisponible en ligne)
  • D3-38 (1475/1500 ; Munich BSB, Cgm 840, fol. 8v-41v, autre sigle M24, encore indisponible en ligne)
  • D3-39 (v. 1500 ; Saint-Gall SB, Cod. 806, p. 91-98, autre sigle Sg2, encore indisponible en ligne)

D3-30-96v (c. 1454) Karlsruhe (D1) (détail)

Gregorius auf dem Stein, D3-30, c. 1454, fol. 96v
Karlsruhe, Cod. Donaueschingen 117


La troisième version allemande de la légende du Bon Pécheur fait partie d’un recueil d’environ 250 vies de saints. Conservé dans plus de 200 manuscrits, c’est le légendaire en prose le plus répandu de la littérature germanophone à la fin du Moyen Âge. La recherche a choisi de l’appeler Der Heiligen Leben (Vies des saints) d’après son titre dans les éditions imprimées entre 1471 et 1521 (D6). Selon Karl Firsching à qui nous devons le premier recensement comprenant 78 manuscrits (1973, p. 71-79), le recueil fut réalisé entre 1384 et 1428 dans le monastère de Sainte-Catherine de Nuremberg, un couvent de dominicaines fondé en 1295 (idem, p. 64-68). Il s’est avéré que le manuscrit le plus ancien date de 1421. Il constitue donc un terminus ante quem pour la rédaction du recueil. Comme aucun des nombreux manuscrits n’est du XIVe siècle, le recueil fut probablement rédigé vers 1400 ou peu après.

Il est divisé en deux parties agencées en fonction du martyrologe romain. La « partie estivale » (Sommerteil) va de saint Ambroise (n° 1 : 04/04) à saint Venceslas (n° 125 : 28/09) et saint Fursy (n° 126 : 16/01) et contient 126 vies selon le recensement de Firsching. La « partie hivernale » (Winterteil) va de saint Michel (n° 1 : 29/09) à saint Hugues (n° 123 : 01/04) et saint Willibrord (n° 124 : 07/11) et contient 124 vies selon ce même recensement. Le nombre de vies varie d’un manuscrit à l’autre mais leur ordre et leur nombre sont relativement stables dans les manuscrits complets et ne revêtent pas le même caractère hétéroclite que les manuscrits des Gesta Romanorum. Le recueil est dépourvu de dates explicites et présente certaines ruptures avec le calendrier du martyrologe, par exemple les deux saints terminant chacune des deux parties. Chaque récit est simplement introduit par un titre, souvent en couleurs. À la différence des Gesta Romanorum, le recueil n’a ni moralisations ni épilogues. Dans la version canonique de la partie hivernale, le Bon Pécheur Gregorius est le 42e saint après sainte Catherine (n° 40 : 25/11) et saint Conrad (n° 41 : 26/11) et précède saint Saturnin (n° 43 : 29/11) et Barlaam et Josaphat (n° 44 : 27/11). Sa position l’identifié à Grégoire III, le 90e pape (731-741) vénéré le 28 novembre. Ce pontife historique n’a pas d’autre point commun avec le Bon Pécheur que leur homonymie.

La recherche s’est beaucoup appliquée à répertorier les nombreux manuscrits. Le recensement de Firsching fut complété en 1976 par Werner Williams-Krapp qui y ajouta 76 manuscrits, le plus souvent incomplets et fragmentaires, portant le corpus à 154 manuscrits. À partir de ce corpus, Bernward Plate établit en 1983 une liste de 39 manuscrits avec le Bon Pécheur dont deux représentant une version méridionale, appelée la « Redaktion » (p. 13-16). En 1986, Williams-Krapp porta le corpus général à 208 manuscrits qu’il dota de sigles tout en précisant leur contenu. En 1996, il édita la partie estivale avec Margit Brand et Bettina Jung, en 2004 la partie hivernale en reprenant et en complétant ses propres listes. Celle de la partie hivernale comprit désormais 101 manuscrits dont 40 manuscrits avec le Bon Pécheur. Quelques-uns sont toutefois disparus. Le Handschriftencensus liste actuellement 197 manuscrits sous l’entrée « Der Heiligen Leben » et 17 sous l’entrée « Der Heiligen Leben, Redaktion ». Ce site nous a permis de vérifier les listes de Firsching et Williams-Krapp. Nous arrivons actuellement à 39 manuscrits de la vulgate (D3), 2 manuscrits copiés d’après les premiers incunables (D6) et 3 manuscrits de la « Redaktion » (D4). Comme nous n’avons pas encore pu consulter l’ensemble du corpus, la classification est susceptible d’évaluer.

Nous fondons en premier lieu nos sigles sur la chronologie en commençant par les manuscrits datés. Le manuscrit le plus ancien du corpus particulier date de 1430 (D3-1), mais il est probablement postérieur à Berlin SB, mgf 1251 (D3-19) que Williams-Krapp date du début du XVe siècle. Selon une estimation de 1925, il serait même de la seconde moitié du XIVe siècle. Tout en restant prudents, nous pouvons le considérer comme probablement antérieur à 1420 et donc comme le témoin le plus ancien de notre corpus. C’est la raison pour laquelle nous l’avons choisi comme référence pour l’édition. Si la « Redaktion » diverge, le récit du Bon Pécheur est relativement stable dans les 38 manuscrits du corpus principal et ces manuscrits diffèrent peu de la version imprimée en 1471. Celle-ci est illustrée d’une gravure représentant le protagoniste sur un rocher. La gravure est reprise par un dessin assez grossier dans la première copie manuscrite (D6-25). Un emplacement resté vide était prévu pour un dessin dans la seconde copie manuscrite (D6-26). Un seul manuscrit illustré est antérieur aux éditions (D3-30). Il date d’environ 1454 et contient en pleine page un dessin polychrome représentant le héros en pape coiffé de la tiare et tenant la férule pontificale. Le dessinateur a donc retenu la scène finale pour ce motif. C’est la plus ancienne représentation iconographique connue du Bon Pécheur.

Cette version hagiographique a connu cinq éditions, en 1873 par Ignaz Vinzenz Zingerle d’après un manuscrit d’Innsbruck (D3-3), en 1883 par Wilhelm Martens d’après un manuscrit de Heidelberg (D3-34), en 1983 par Plate de manière synoptique d’après deux manuscrits (D3-2 et D3-35), en 2004 par le trinôme Brand, Jung et Williams-Krapp d’après l’un de ces deux manuscrits une seconde fois (D3-2) et en 2008 par Sylvia Kohushölter d’après un nouveau manuscrit (D3-20). Nous éditons donc pour la première fois le texte d’après le témoin le plus ancien.

Dans les manuscrits, le récit s’intitule généralement Von sant Gregorio auf dem stein, mais Kohushölter opte pour la brièveté en l’appelant seulement Gregorius auf dem Stein (Grégoire sur le rocher). Nous nous alignons sur ce choix judicieux. Quelle que soit sa longueur, ce titre renvoie à la pénitence du héros et à sa contribution. C’est aussi la scène qui a inspiré les illustrateurs. La source unique du récit est le Gregorius de Hartmann. La mise en prose suit la trame de son modèle versifié avec une remarquable fidélité qui se fait parfois sentir jusque dans la formulation. Ultérieurement, nous proposerons une analyse détaillée du texte et une comparaison linéaire avec le Gregorius de Hartmann.