CZ1 : Papež Řehoř
Présentation
Édition : Peter Andersen
Collaboration : Hana Konvičková (traduction et relectures)
Description succincte
- Témoins : 2 éditions (1926-1929)
- Longueur totale des témoins : 4 pages
- Témoin publié et transcrit : édition de 1929
- Longueur du témoin publié : 39 lignes et 473 mots
- Référence numérique : ligne du témoin transcrit
- Auteur : anonyme, peut-être Josef Štefan Kubín
- Lieu : Bohème
- Date : 1926
- Source : probablement D1
Facsimilés
- CZ1 (Tille 1929 ; Lille, 010.539-66, p. 396-397)
Transcription normalisée (2025)
Traduction française (2025)
Structure
- 8 paragraphes : 1 (épisodes 1, 3, 7), 4 (épisodes 10-12), 10 (épisodes 14-16), 15 (épisodes 17-19), 21 (épisode 19), 25 (épisode 20), 28 (épisodes 21-23), 37 (épisodes 24-25)
- 18 épisodes : 1 (1), 3 (1), 7 (1-3), 10 (4-5), 11 (5-6), 12 (6-9), 14 (10-11), 15 (11-12), 16 (12-15), 17 (15-18), 18 (18-20), 19 (20), 20 (25), 22 (32), 23 (32), 24 (37), 25 (37)
Discours direct
- Aucun
La légende du Bon Pécheur est conservée dans deux versions tchèques qui divergent considérablement et ne dépendent pas nécessairement l’une de l’autre. La version la plus proche de la légende traditionnelle est celle publiée en 1926 par Josef Štefan Kubín (1864-1965) et Jiří Polívka (1858-1933) sous le titre tchèque « Papež Řehoř » (Pape Grégoire). Selon les éditeurs, Kubín avait recueilli le texte à Boháňka dans la région de Hradec Králové, au nord de la Bohème. Il a été réédité une fois, en 1929 par Václac Tille (1867-1937) sous le titre latin « Gregorius in saxo » (Grégoire sur le rocher). Dans cette seconde édition, il est suivi de la seconde version tchèque (CZ2). L’existence de ces adaptations tchèques de la légende a été signalée en 1986 par Yoav Elstein et en 2012 par Brian Murdoch, mais la seule discussion de ces versions est celle du slaviste allemand Ludger Udolph (2018).
Originaire de Jičín dans le nord de la Bohème, Kubín travaillait comme enseignant dans plusieurs villes jusqu’à sa retraite en 1925. Il est surtout connu pour avoir recueilli plus de 1000 contes, essentiellement dans sa région natale et les monts des Géants, le plus haut massif des Sudètes qui constitue la frontière polono-tchèque. Son recueil le plus volumineux, paru en trois volumes entre 1922 et 1926, contient 572 textes provenant de 104 narrateurs. Ce recueil est commenté par Polívka, professeur de philologie slave à l’Université de Prague. Entre 1929 et 1934, Tille, professeur de littérature comparée également à l’Université de Prague, réédita les textes de Kubín dans une édition qui sert aujourd’hui de référence, Soupis českých pohádek (‘Inventaire des contes tchèques’).
Selon Kubín, le conte sur le Bon Pécheur provient de Františka Málková, une paysanne retraitée de Boháňka. Elle avait 73 ans quand elle le transmit à Kubín, de même que quatre autres contes. Selon Kubín, elle était analphabète, avait perdu sa mère à l’âge de cinq ans, mais son père était un bon conteur. La version publiée en 1926 suit la trame narrative de la légende traditionnelle et conserve le nom du protagoniste nommé Řehoř en raison de la disparition de la lettre g dans cette langue ou de sa transformation en h. L’abbé et le pêcheur qui élève Grégoire sont remplacés par un roi de Tyr qui prend l’initiative de conduire son fils adoptif dans le pays natal celui-ci, car il souhaite le marier à une princesse. Tout le monde ignore que c’est sa mère. Bien qu’elle repousse normalement tout prétendant, elle décide aussitôt d’épouser le jeune homme que le roi de Tyr lui présente sans que son futur mari ait besoin de libérer d’abord son pays. Le conte se concentre sur les événements postérieurs au mariage du protagoniste avec sa mère et ajoute quelques éléments absents de la légende traditionnelle. Le pécheur qui accueille le pénitent a par exemple déjà conduit un autre jeune homme sur le même rocher sept ans plus tôt.
Tille était persuadé que ce texte était issu d’un livre et non pas d’une oralité pluriséculaire (1937, p. 560). Udolph (2018, p. 272-273) envisage une source allemande et songe au recueil Der Heiligen Leben (D6-D7), au texte de Martin von Cochem (D10) et à la version de Karl Simrock (D11). Les deux dernières versions peuvent toutefois être écartées puisque le héros y finit évêque. Le chapitre du recueil hagiographique aurait pu livrer la trame du conte tchèque, mais n’avait pas été réédité depuis 1521 quand Kubín publia son texte. La source la plus vraisemblable est donc le Gregorius de Hartmann (D1), très en vogue en Allemagne depuis le milieu du XIXe siècle. Comme ce n’est guère une paysanne illettrée qui a transformé la légende courtoise en conte, on pourrait soupçonner Kubín d’avoir composé le récit lui-même à partir d’une traduction du texte de Hartmann, peut-être celle de Karl Pannier (1883). L’existence de Františka Málková est peut-être attestée dans quelque registre paroissial, celle de son récit uniquement par l’homme qui le publia en 1926.