S : Om Sankt Gregorius på stenen

Présentation

Éditeur : Peter Andersen

Collaboration : Alessia Bauer

Description succincte

  • Témoins : 1 manuscrit
  • Sigles : S
  • Longueur du témoin : 12 pages
  • Témoin transcrit : S
  • Longueur du témoin transcrit : 780 lignes et environ 5369 mots
  • Référence numérique : lignes de S
  • Auteur : Christine Elavsdotter
  • Lieu : Vadstena
  • Date : 1515/1524
  • Source : D6, peut-être D6-2

Facsimilés

  • S (1515/1524 ; Linköping, B 70a, fol. 58va-64ra)

S-58v (1524) Linköping

Om Sankt Gregorius på stenen, 1515/1524, fol. 58va
Linköping, B 70a


La version suédoise de la légende du Bon Pécheur précède de quelques années la saga islandaise de Björn Þorleifsson (1530/1540) et témoigne pour la première fois de l’arrivée du récit en Scandinavie. Elle est une des huit versions non anonymes et la seule signée par une femme, la brigittine Christine Elavsdotter. Le texte est conservé dans un manuscrit unique copié par une seule main dans l’abbaye de Vadstena, le premier couvent de l’ordre de Sainte-Brigitte. Il se compose de 27 textes pieux dont le dernier est incomplet dû à la perte de feuillets. En raison de sa localisation actuelle, il est appelé « Linköping-legendariet » (le légendaire de Linköping). Il n’est pas daté mais contient une lettre adressée en 1515 par le moine et prêtre Johannes Mathiæ (1450/1455-1524) aux sœurs de l’abbaye (texte 25, fol. 112va-115ra). C’est la date la plus récente du légendaire. Au début de la lettre, une note marginale invite le lecteur à prier pour l’auteur de l’épître. C’est la raison pour laquelle Per Kylander supposa dès 1793 que la main anonyme est celle de ce moine. Johannes Mathiæ est mentionné sept fois entre 1476 et 1525 dans le Diarium Vadstenense (Journal de Vadstena, éd. Benzelius 1721, p. 140, 145, 146, 158, 167, 170, 179). Il fut consacré prêtre à Vadstena en 1476, partit le 26 juin 1487 en Allemagne pour participer à une assemblée dans le monastère brigittin de Gnadenberg près de Nuremberg, poursuivit son périple jusqu’à Rome pour promouvoir la canonisation de Catherine de Vadstena (1322-1381), la fille de sainte Brigitte (1303-1373), rentra de sa mission le 27 septembre 1488, officia ensuite à deux reprises comme confesseur général et décéda le 19 novembre 1524.

La plupart des 27 textes du légendaire sont traduits du latin ou de l’allemand et le traducteur est parfois cité, plus rarement la date de la traduction. Le texte 21 est une chronique suédoise relatant la vie de sainte Brigitte et rédigée directement en suédois par Margareta Clausdotter, abbesse de Vadstena de 1473 à sa mort en 1486. Le premier texte est une vie de sainte Amalberge traduite du latin par Nicolaus Ragvald, frère à Vadstena de 1476 à sa mort le 1er juillet 1514. Il réalisa la traduction pendant sa dernière maladie, donc au début de l’année 1514. La lettre de Johannes Mathiæ suggère que le légendaire fut commencé l’année suivante, peut-être à son instigation. Le recueil fut apparemment achevé peu de temps avant la mort du moine en 1524, comme le laisse aussi entendre la note marginale.

Le récit du Bon Pécheur est le 16e texte du légendaire. La traduction est dépourvue de date mais postérieure à l’entrée de la traductrice à l’abbaye le 25 août 1510. Elle y décéda le 13 décembre 1541. Le Diarium Vadstenense ne cite son nom que deux fois, à son arrivée et à son décès (éd. Benzelius 1721, p. 166 : « Christinam Elafsdotter », p. 179 : « Christina Elavi »). Le légendaire l’appelle « cristin elffs dott[er] » (fol. 58va). La traduction suédoise du Diarium Vadstenense opte pour deux modernisations différentes : « Kristina Elivsdotter » et « Kristina Elavsdotter » (Lindblom 1918, p. 274, 306). Nous francisons son nom en Christine Elavsdotter. Cette nonne suédoise par ailleurs inconnue s’inscrit dans une riche tradition locale de production littéraire féminine. La première écrivaine suédoise connue est Catherine de Suède. Elle consigna non seulement les visions de sa mère mais traduisit aussi vers 1380 un recueil pieux allemand, le Seelentrost (Consolation de l’âme), en suédois selon une note de 1544 que la recherche juge peu crédible, sans doute à tort (Stockholm, Kungliga biblioteket, A 108, p. 150 ; éd. Klemming 1871/1873, p. iv). Si la date tardive de cette note peut susciter certains doutes, il est avéré que le récit suédois du Bon Pécheur provienne bel et bien de la plume d’une femme.

La traduction de ce récit par Christine Elavsdotter est issue du recueil allemand Der Heiligen Leben et suit ce modèle assez fidèlement. Comme l’édition princeps parut dès 1471, il n’y a aucune raison de penser que Christine Elavsdotter eut recourt à un manuscrit. Entre 1471 et 1521, le recueil allemand parut 24 fois, principalement à Strasbourg et à Augsbourg, mais aussi deux fois à Nuremberg, en 1475 (D6-2) et en 1488 (D6-11). Lors de la seconde édition de cette ville parue le 5 décembre, Johannes Mathiæ était déjà rentré à Vadstena. Il est en revanche possible qu’il ait acquis un exemplaire de la première édition lors de son passage dans la région de Nuremberg en 1487. Dans ce cas, le recueil allemand ornait les rayons de la bibliothèque de l’abbaye de Vadstena quand Christine Elavsdotter réalisa sa traduction.

La recherche sur son texte unique est modeste. Il a été édité trois fois, en 1815 séparément par Samuel Theodor Östmann dans une thèse latine soutenue à Greifswald et deux fois avec le reste du légendaire, en 1845 par Johan Ernst Rietz avec un commentaire latin et en 1874 par George Stephen avec un commentaire suédois. Ce dernier dota le texte de ce titre suédois que nous conservons : Om Sankt Gregorius på stenen (De saint Grégoire sur le rocher). Ce titre se réfère à la source allemande qui fut identifiée en 1870 par Reinhold Köhler.