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départ des Français ; d’ailleurs on trouvait partout déjà des soldats hessois ainsi que beaucoup d’Hanovriens qui avaient déserté des Français[124].

Frantzosen fort waren man traffe auch schon überall von denen hessischen Soldaten an die von ihnen dessertiert seyn wie auch sehr viele Hannobraner.

Le 26, nous repartîmes pour 14 miles jusqu’à Bomton, un domaine. Cette contrée est fortement peuplée de Hollandais, mais déjà l’on rencontre de temps en temps aussi des Allemands[125].

Den 26ten brachen wir alda wiedrum auf 14 Meillen biß Bomton ein Schändelmans-Hoff. Selbige Gegend ist starck mit Holländer bewohnt und trifft auch schon dan und wann Deutsche an.

Le 27, nous repartîmes pour 15 miles jusqu’à Whibany ou Hanober, une petite ville près de la montagne, dans une belle région. Là nous avions une journée de repos ; nous eûmes aussi pas mal de visites des habitants.

Den 27ten brachen wir wiedrum auf 15 Meillen biß Whibany oder Hanober ein kleines Städtgen am Gebürge in einer schönen Gegend alda hatten wir Rastag und hatten auch wiedrum zimmlich Besuch deren Einwohner.

Le 29, nous repartîmes pour 6 miles jusqu’à Balions-Thawern, une auberge. Le même jour nous passâmes par Morristown, appelée en allemand Moritz-Stadt, une belle petite ville dans une agréable contrée où l’on peut rencontrer de temps à autre un habitant allemand.

Den 29ten brachen wir wiedrum alda auf 6 Meillen biß Balions-Thawern ein Wirthshauß. Selbigen Tag passierten wir Moritz-Thaun oder auf teutsch Moritz-Stadt genandt auch ein schönes Städtgen in einer angenehmen Gegend allwo man schon hin und wieder deutsche Einwohner antreffe.

Le 30, nous repartîmes pour 14 miles jusqu’à Somerset, une petite ville dans la plaine, entourée d’une grande quantité d’arbres fruitiers.

Den 30ten brachen wir wiedrum auf 14 Meillen biß Sammersad ein kleines Städtgen auf der Ebenen und gantz mit Obst-bäumen umringet in der Menge.

Le 31, nous repartîmes pour 13 miles jusqu’à Princeton, une petite ville agréable dans la plaine, laquelle ville possède un collège : c’est là que le roi d’Angleterre avait fondé une école en 1756[126], qu’il avait fait construire, mais qui fut ruinée par la guerre. Ici eut lieu il y a quelques années une bataille si rude entre Américains et Anglais, que les circonstances en

Den 31ten brachen wir auf 13 Meillen biß Printz-Thaun ein angenehmes Städtgen auf der Ebenen welches Städtgen mit einem schönen Colegium versehen ist : alda hatte der König von Engelland anno 1756 ein Studium angelegt, und es erbauen lassen welches aber jetzt durch den Krieg wiedrum verdorben worden. Alda geschahe auch vor etliche Jahren eine so scharfe Batalien mit den Americaner und Engelländer daß es

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https://gallica.bnf.fr/iiif/ark:/12148/btv1b10110846m/f30/pct:0,0,50,100/,700/0/native.jpg

Strasbourg, Médiathèque André Malraux, ms f 15, p. 58.

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 Notes

124. On peut relever là une erreur de l’auteur. Les mercenaires de Hesse ou de Hanovre sont employés par l’armée anglaise, et désertent donc des Anglais, pas des Français.
125. L’armée alliée est à présent dans le New Jersey, ce que Flohr ne relève pas. Originellement colonie hollandaise, le New Jersey a une population plus diversifiée que les territoires situés plus au nord. Comme sa voisine la Pennsylvanie, il accueille depuis le milieu du XVIIIe siècle de nombreux immigrants d’origine allemande. Il est en ce sens significatif que Flohr fasse sa première référence à une population d’origine allemande à ce moment. De manière générale, il dresse un tableau plutôt représentatif de la présence allemande en Amérique du Nord, et ne surestime pas la présence de ses compatriotes, très sporadique dans cette colonie. En 1707, quelques familles allemandes réformées originaires du Brunswick avaient embarqué pour New York, mais, après avoir été déroutées par des vents contraires, elles ont débarqué dans la baie du Delaware. En voulant gagner New York par voie terrestre, elles traversent la vallée du Musconetcong dans le New Jersey et décident de s’y installer. Les Allemands s’installent essentiellement dans quatre contrées du New Jersey : Morris County, Somerset, Bergen et Essex. De nouveaux colons germanophones affluent des colonies suédoises par le sud, ainsi que des Palatins venus du nord. Ils mirent en valeur de grands domaines agricoles, si bien que la région fut baptisée « German Valley ». L’ancêtre de la dynastie des industriels et financiers Rockefeller, Johann Peter Rockefeller, s’installa dans le New Jersey en 1733. Dans le sud du New Jersey, on trouve des meuniers germanophones liés aux communautés de Frères moraves.
126. Le « College of New Jersey » (la future Université de Princeton) fondé en 1746 par des clercs presbytériens, et non pas directement par le roi, est situé à Princeton depuis 1756. Le plus vieux de ses bâtiments, « Nassau Hall » est effectivement endommagé pendant la Bataille de Princeton. Il est remarquable que Flohr fasse état de la date de sa fondation. Cette précision chronologique surprend, a fortiori quand on la compare à la ligne suivante où Flohr évoque la bataille de Princeton (janvier 1777) sans la dater avec autant de précision (« Ici eut lieu il y a quelques années »). Rappelons toutefois que la date de fondation d’une université est habituellement inscrite sur son fronton.