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et ne cessaient de croire que les Français avaient des visées sur cette région. Comme ils ne faisaient pas mine de partir, on les remercia une 2e fois pour l’aide qu’ils avaient apportée.

sondern glaubten noch allezeit daß die Franzosen dieselbe Gegend wolten zu Nutz machen. Weil sie doch gar nicht davon weichen wollen, liessen sie sich zum 2ten mahl bedancken vor die geleiste Hilfe.

Nous pensions alors retourner à Newport, qui est à 30 miles de Providence. Mais l’escadre qui vint nous chercher se dirigea vers Boston. Plus tard on nous apprit que nous devions nous rendre à Boston pour faire route vers les Indes occidentales avec la flotte du commandant Wotzelle[275].

Wir glaubten damals wiedrum nach Nieport zu marschieren, welches 30 Meilen von Providens ist. Aber das Escadr welches kame uns abzuhollen fuhr zu Boston an. Allwo wir hernach beordert wurden uns zu Boston einzufinden vor nach West- Indien zu seeglen mit der Flotte des Herrn Wotzelle Comandant.

Le 4 décembre, nous repartîmes pour faire 19 miles jusqu’à Readham, une petite ville dotée d’un fort bel hôtel de ville. Nous montâmes notre camp à proximité par un temps très mauvais.

Den 4ten Xbr brachen wir alda wiedrum auf 19 Meilen biß Readham ein Städtgen mit einem gantz schönen Rathhauß gezieret. Wir schlugen gantz nahe dabey unser Lager bey sehr wüstem Wetter.

Le 5, encore 16 miles jusqu’à Baltham, une petite ville. Nous montâmes notre camp par un froid glacial à peine supportable. La veille il avait plu, vers le soir il y eut une éclaircie et un vent très violent.

Den 5ten wiedrum 16 Meilen biß Baltham ein Städtgen. Wir schlugen das Lager alda bey einer grimmigen Kälte daß es fast unaustehlich ware. Den Tag zuvor regnetet es, gegen Abend wurde es hell, nebst ein gewaltigen starcken Winde.

Le 6, nous levâmes le camp par un froid glacial pour parcourir 13 miles jusqu’à Boston[276],

Den 6ten brachen wir bey grimmiger Kälte auf 13 Meilen biß Boston

[réclame]

eine

https://gallica.bnf.fr/iiif/ark:/12148/btv1b10110846m/f102/pct:0,0,50,100/,700/0/native.jpg

Strasbourg, Médiathèque André Malraux, ms f 15, p. 202.

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 Notes

275. Louis-Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil est né à Rochefort en 1724. Garde de la marine en 1740, puis capitaine de vaisseau en 1765, chef d’escadre en 1779, il est lieutenant général en 1782. Il commande le Fendant à Ouessant, une escadre de renfort pour d’Estaing en 1779, le Triomphant dans l’escadre Guichen. Il rallie de Grasse en 1782 et prend le commandement de l’escadre après la bataille des Saintes où il est blessé. Il meurt en 1802. Cf. Franque (Jean-Pierre), Louis-Philippe Rigault, marquis de Vaudreuil, huile sur toile, Versailles, château de Versailles et du Trianon, première moitié du XIXe siècle [reproduction en ligne - RMN].
276. La ville de Boston fut fondée en 1630 par un groupe de puritains dirigés par John Winthrop, président de la Massachusetts Bay Company. Elle est la deuxième colonie de la future Nouvelle-Angleterre, et détrône assez rapidement son aînée Plymouth en tant que centre économique et politique de la région. Les Puritains établirent une colonie régie selon des règles religieuses strictes. La première école d’Amérique du Nord est ouverte à Boston en 1635, ainsi que la première université, Harvard, fondée en 1636. Boston est la ville la plus peuplée d’Amérique du Nord jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, dépassée par Philadelphie. Boston n’en est pas moins un centre intellectuel important et un port majeur dans le commerce atlantique. Les habitants de Boston sont à la pointe de la contestation contre les lois du Parlement de Londres, établissant de nouvelles taxes et restreignant les libertés. Lorsque Flohr évoque la ville en ces termes : « c’est d’ici qu’est partie la rébellion », il fait référence aux incidents qui ont résulté du conflit entre les citoyens opposés à la « taxation sans représentation » (principal argument, qui engage la légitimé du Parlement de Londres à légiférer pour des territoires et des citoyens non représentés) et les autorités coloniales (gouverneur, armée) : le Boston Massacre (5 mars 1770), la Boston Tea Party (17 décembre 1773), puis les premières batailles de la guerre, Lexington, Concord en avril 1775, enfin la bataille de Bunker Hill à Charlestown, ville adjacente à Boston. Après la libération de la ville par Washington après un court siège, en mars 1776, Boston est relativement à l’abri des combats. Cf. Garneray (Louis), Port de Boston, estampe, v. 1842 [reproduction en ligne - BNF].