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L’un d’entre eux avait un tout petit tambour en bois confectionné grossièrement, et frappait à l’aide d’une mailloche un rythme étrange, alors que les autres dansaient de manière étonnante sur place, tout nus, sauf les peaux de bêtes qu’ils portaient aux jambes et qui montaient jusqu’aux genoux, au-dessus de leurs genoux les cuisses étaient nues, tout comme leur torse, ils avaient ceint des pagnes en écorce d’arbres tressée pour cacher les parties honteuses : tout leur corps était peint de multiples couleurs, leur cheveux étaient teints en rouge et ornés de toutes sortes de plumes etc.[89].

ihre Art! Einer von ihnen hatte ein gantz kleine von Holtz schlecht gemachte Trommel und schluge ein absconder-lichen Tack mit ein Schlegel darauf, die andern dantzten auf eine wunderbahre Art auf einem Platz herum, gantz nackend ausser an den Beinen hatten sie Thierhäute biß an die Knie, oberhalb den Knien waren ihre Schenkel bloß, wie auch der gantze Körber am Oberleibe, ihren Schaam hatten sie mit geflochtner Baumrinde umgürdet : Den gantzen Leib hatten sie von allerley Farben gemahlt, wie auch ihre Haare gantz roth ge-färbet, nebst mit allen Sorten Federn geziehret etc.

Dès qu’ils eurent dansé environ une heure, certains d’entre eux se fardèrent avec d’autres couleurs et se mirent toutes sortes d’anneaux dans le nez et les oreilles. Ils avaient au bout du nez 2 ou 3 trous pour y fixer les anneaux, leurs oreilles étaient tailladées en trois parties dont chacune portait un anneau[90].

Sobald sie ohngefähr eine Stund gedantzt hatten mahlten sich einige von ihnen wiedrum mit andern Farben machten aller Sorten Ringe in ihre Nasse und Ohren. Ihre Nassen hatten an den Spitzen 2 biß 3 Löcher vor diese Ringe hinein zu hängen, ihre Ohren hatten sie zu 3 Theil geschlitzt und Ringe darinen hangen.

Ils ne se servaient pas non plus de chaises mais étaient tout le temps assis par terre. Ils ont également des mœurs étonnantes dans leur pays ! Quand ils sont vieux et qu’ils ne peuvent plus aller à la chasse, les congénères les enterrent vivants, debout, et allument un feu sur leur tête et toute la tribu danse autour au son d’une musique produite par un petit tambour ;

Auch bedienen sie sich keineswegs mit Stühlen sondern sitzen allezeit auf der Erde. Auch haben sie sehr wun-derliche Gebräuche in ihrem Lande ! Ihre Freundschafft wan sie alt seyn daß sie nicht mehr auf den Raub gehen können so begraben sie sie lebendig aufrecht in die Erde, und machen ihnen ein Feuer auf den Kopf und dantzen hernach die gantze Freundschafft drum herum mit einem kleinen Trommel-Spiel

[réclame]

ihre

https://gallica.bnf.fr/iiif/ark:/12148/btv1b10110846m/f14/pct:50,0,100,100/,700/0/native.jpg

Strasbourg, Médiathèque André Malraux, ms f 15, p. 27.

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 Notes

89. On peut comparer ce personnage à un extrait de Volney : « Imaginez des corps presque nus, bronzés par le soleil et le grand air, reluisans de graisse et de fumée ; la tête nue, de gros cheveux noirs, lisses, droits et plats ; le visage masqué de noir, de bleu et de rouge, par compartimens ronds, quarrés, lozanges ; une narine percée pour porter un gros anneau de cuivre ou d’argent ; des pendeloques à trois étages tombant des oreilles sur les épaules, par des trous à passer le doigt ; un petit tablier quarré couvrant le pubis, un autre couvrant le coccyx, tous deux attachés par une ceinture de ruban ou de corde ; les cuisses et les jambes tantôt nues, tantôt garnies d’une longue guêtre d’étoffe ; un chausson de peau fumée au pieds ; dans certains cas, une chemise à manches larges et courtes, bariolée ou chinée de bleu, de blanc, flottante sur les cuisses : par-dessus une couverture de laine ou un morceau de drap quarré jeté sur une épaule, et noué sous le menton ou sous l’autre aisselle : s’il y a prétention de parure pour guerre ou pour fête, les cheveux sont tressés, et les tresses garnies de plumes, d’herbes, de fleurs, même d’osselets : les guerriers portent autour de l’avant-bras, de larges colliers de cuivre ou d’argent, ressemblans aux colliers de nos chiens, et autour de la tête des diadêmes formés de boucles d’argent et e verroterie : à la main, la pipe ou le couteau, ou le casse-tête, et le petit miroir de toilette dont tout Sauvage use avec plus de coquetterie pour admirer tant de charmes, que la plus coquette petite maîtresse de Paris. Les femmes un peu plus couvertes sur les hanches, diffèrent encore des hommes, en ce qu’elles portent, presque sans cesse, un ou deux enfans sur le dos, dans une espèce de sac, dont les bouts se nouent sur leur front. Qui a vu des Bohémiennes et des Bohémiens, a des idées très-rapprochées de cet attirail » . Cf. Volney (Constantin François), Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique, suivi d’éclaircissemens sur la Floride, sur la colonie Française au Scioto, sur quelques colonies Canadiennes et sur les Sauvages, enrichi de quatre Planches gravées, dont deux Cartes Géographiques et une coupe figurée de la chûte de Niagara, t. 2, Paris, chez Courcier et Dentu, an XII [1803], p. 423-424 [catalogue de la médiathèque Malraux].
90. « Les Indiens attachent beaucoup de vanité à avoir les oreilles grandes et le plus larges qu’il est possible, ce qui les expose à les avoir souvent arrachées. Il leur est très ordinaire de les perdre dans leurs orgies ; mais quand elles ne sont que déchirées, ils les coupent à raze avec un couteau, recousent ensemble les parties avec une aiguille & du nerf de daim, & après des sueurs abondantes qu’ils se procurent dans un bain, ils reprennent leurs activités habituelles » : Long (John), Voyages chez différentes nations sauvages de l’Amérique septentrionale, renfermant des détails curieux sur les mœurs, usages, cérémonies religieuses, le système militaire, &c. des Cahnuagas, des Indiens des Cinq & Six Nations, Mohawks, Connecedagas, Iroquois, &c. des Indiens Chippeways, & autres Sauvages de divers tribus, sur leurs langues, les pays qu’ils habitent, ainsi que sur le commerce des pelleteries & fourrures qui se fait chez ces peuples, avec un état exact des postes situés sur le Fleuve S. Laurent, le Lac Ontario, &c. &c., par J. Long, trafiquant, & interprète de langues Indiennes, traduits de l’Anglois par J.B.L.J. Billecocq, citoyen Français, Paris, chez Prault et Fuchs, an II, p. 202-203 [catalogue de la médiathèque Malraux].