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de la compagnie des chasseurs du Royal-Deux-Ponts, qui furent embarqués sur le navire de guerre La Provence ; les grenadiers du Soissonnais embarquèrent sur le navire de guerre Le Conquérant. Cette sortie coûta la vie à beaucoup d’hommes.

Jäger Compagnie von Royal Deux-Ponts, welche eingeschifft wurden auf das Kriegsschiff La Provence, die Grenadier von Soissonnois kamen auf das Kriegsschiff Conquérant. Diese Ausfahrt kostete seht viele Leute.

Quand notre flotte arriva près de la baie de Chesapeake elle était bien décidée à débarquer et à s’opposer au général Arnold. Mais comme l’escadre anglaise naviguait aussi dans ces eaux notre plan ne put être exécuté, car nous fûmes rattrapés par la flotte anglaise, que nous rencontrâmes au bout de quelques jours et contre laquelle nous eûmes à nous battre, ce qui arriva vers midi. Ce fut perdu des deux côtés, et personne ne savait plus où il avait la tête, car nos navires et ceux des Anglais étaient si entremêlés, que personne ne reconnaissait plus l’autre et n’arrivait plus à distinguer si c’était un ami ou un ennemi[95]. Lors de cette bataille la Compagnie des grenadiers du Régiment Soissonnais connut les plus grandes difficultés, au point qu’en 5-6 minutes elle perdit 52 hommes, sans compter les pertes antérieures. Ce dont il ne faut pas s’étonner, puisque les navires étaient si rapprochés que les tirs de la petite artillerie

Als unsere Flotte gegen die Bucht von Chessabeek kamen Und würcklich gesinnet gewesen aufs Landt aus-zuschiffen nun dem General Arnold Wiederstand zu thun. Weil das Engellische Escadre aber auch alda herum schwebete, konten wir unser Vorhabens nicht vollführen, sondern wurden aufgesucht von der Engellischen Flotte, und uns auch in einigen Tagen darauf antraffen, und uns auch mit ihnen schlagen mußten, welches geschahe gegen Mittag. So daß auf beyden Seiten verspielt wurde, dass keiner mehr wußte, wo ihm der Kopf stunde, unsre und die Engellische Schiffe waren so untereinander das keines das andre mehr kannte, ob es Freund oder Feind seye. Was die Grenadir Compag[nie] von Regiment Soissonois anbelangte, litte die grösste Noth bey dieser Bataillen, so dass sie in Zeit von 5-6 Minutten 52 Mann verlohren hatten, ohne was vorher schon verlohren ware. Weilen sich einestheils auch nicht zu verwundern ware, dann die Schiffe waren so nahe beysammen, dass sie einander mit

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Strasbourg, Médiathèque André Malraux, ms f 15, p. 30.

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 Notes

95. Les batailles navales se déroulaient traditionnellement en ligne, les deux camps alignant leurs navires, puis se canonnant mutuellement. C’est ce qui se produisit à Chesapeake. Les tirs d’artillerie dégageant une très importante quantité de fumée, il est possible que Flohr ait eu du mal à distinguer les navires.