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qui montait la garde devant le camp – et qui le connaissait bien, car il était déjà soldat dans sa compagnie alors que celui-ci n’était encore que capitaine, et qui avait déserté à ce moment-là - lui demanda où il voulait aller et ce qu’il avait à faire ici : l’adjudant-général demanda s’il ne le reconnaissait pas, il était pourtant le colonel du régiment du Connecticut, il devait bien connaître l’uniforme ; le soldat dit qu’il connaissait bien sûr cet uniforme et encore mieux celui qui le portait, et lui demanda aussitôt s’il avait l’autorisation d’entrer dans le camp, car il était interdit à un adjudant-général anglais d’entrer dans notre camp. Dès qu’il eut entendu ces paroles il demanda au soldat d’où il le connaissait, le soldat répondit qu’il devrait plutôt s’interroger comment il lui avait fait administrer plusieurs fois 100 coups, en allemand Prügel, car il avait servi fidèlement pendant 5 ans dans sa compagnie, à savoir le 3e bataillon de la garde royale[120].

Lager Schildwacht gestanden der ihn sehr wohl kannete weil er schon als Soldat : da derselbige noch Capitaine ware bey seiner Compagnie gestanden hatte und damals schon von ihm dessertiert ware ; er sprach zu ihm wo er hin wolte und was er hier zu thun hätte : Dieser Generals- Adjudant sprach ob er ihn nicht kennen thäte er wäre ja der Obrist von dem conecticutischen Regiment er solte doch wohl die Uniform kennen : Dieser Soldat sprache ich kenne diese Uniform gar wohl und den-jenigen der sie an hat noch viel besser und fragte ihn gleich ob er Erlaubnüß hätte in das Lager zu gehen den es ware nicht erlaubt einem englischen Generale Adjudant in unser Lager zu gehen : So-bald er diese Rede hörete fragte er den Soldat woher er ihnen kennen thätte der Soldat sprach darauf er solte nach fragen indem er ihm ein manches 100 Streibs hätte geben lassen oder auf teutsch Brügel den er hätte 5 Jahr treu und ehrlich bey seiner Comp[agni]e gedienet nemlich unter dem 3ten Batallion der könig-lichen Leib-Gard.

Dès qu’il entendit cela, il tira de son sac sa bourse et étala 19 pièces d’or anglaises devant le soldat et dit qu’il devait les prendre et le laisser repartir. Le soldat répondit non, qu’il ne voulait pas son argent mais qu’il devait l’arrêter, car il était maintenant entre ses mains, il pouvait l’arrêter ou lui rendre la liberté. L’adjudant répondit qu’il n’avait qu’à le laisser aller,

Sobald er dieses hörte zoge er seine Gold-Bürste aus der Tasche und reigete dem Soldaten 19 engelische Gold- Stücke dar und sagte er soll dieses nehmen er wolte wiedrum zurückgehen : nein sagte der Soldat er wolte sein Geld nicht sondern er müßte alhier aredirt werden dann er wäre jetzt in seinen Händen Er kente ihn aredieren oder lauffen lassen dieser Adjudant sagte er solte ihn nur gehen

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lassen

https://gallica.bnf.fr/iiif/ark:/12148/btv1b10110846m/f27/pct:50,0,100,100/,700/0/native.jpg

Strasbourg, Médiathèque André Malraux, ms f 15, p. 53.

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 Notes

120. Les coups de baguette de fusil constituaient un mode de châtiment courant dans les armées européennes du XVIIIe siècle. Ils furent remplacés à la même époque par les coups de plat de sabre.