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et qui est proportionnellement aussi très commençante à cause de sa situation au bord du beau fleuve et du port. Nous embarquâmes à Annapolis pour nous rendre en Virginie parce que la route est plus courte par mer que par terre, et aussi parce la situation est devenue très pressante à Yorktown et que les Américains nous attendaient impatiemment.

und nach Probortion auch sehr handelbar wegen seinem schönen Fluße und Hafen. Wir schiffeten alda zu Annapolis ein um nach Virginien zu fahren weil der Weg näher zu Wasser als zu Lande ist, theils auch weil es zu Klein-York sehr pressierete und die Americani-schen mit Schmertzen auf uns wardeten.

Le 19, nous passâmes Hampton une petite ville au bord de l’eau.

Den 19ten passirten wir Hamton ein kleines Städtgen am Wasser liegent.

Le 23, nous arrivâmes dans la province de Virginie, à 40 miles d’Annapolis. Aussitôt nous débarquâmes à Kolletz-Canting. Nous allâmes encore jusqu’à Williamsburg, à 9 miles de Kolletz-Cantry. Nos grenadiers et chasseurs étaient déjà à Williamsburg tout comme nos détachements que nous avions laissé à Newport. Etaient là aussi les troupes du général Comte de Grasse[156] qui avait débarqué de sa flotte pour faire le siège ; ces troupes étaient composées des régiments Gâtinais, Agenais et Touraine. Ils campaient au-dessus de la ville et nous étions en-deça. Ces 3 régiments étaient sous le commandement de Monsieur La Fayette[157] etc.

Den 23ten kamen wir in der Profintz Virginien an, 40 Meillen von Annapolis. Zugleicher Zeit schifften wir auch aus zu Kolletz-Canring. Wir gingen noch bis Wiliamsburg 9 Meillen von Kolletz-Cantry. Unsere Grenadirs und Jäger waren schon zu Wiliamsburg wie auch unsere Detachements, welches wir in Nieport zurück gelassen hatten. Auch waren schon alda die Truppen von General Compte de Grass welcher von seiner Flotte alda ausgeschiffet hatte zur Belag-rung : Diese Truppen waren : das Regimen t Gadinois Angenois und Touraine. Diese campierten oberhalb der Stadt und wir unterhalb der Stadt. Diese 3 Regimenter stunden unter dem Befehl des Herrn La Fayette etc.

Le 25, nous repartîmes de Williamsburg pour 18 miles jusqu’à Yorktown où s’était fixée l’armée anglaise.

Wir brachen den 25ten zu Wiliamsburg wiedrum auf 18 Meillen biß Lettel-Yorck allwo die englische Armee sich vestgesetzt hat.

Nous arrivâmes près de Yorktown vers 1 heure de l’après-midi,

Wir kamen gegen 1 Uhr nach Mittag bey Yorck an

[réclame]

worauf

https://gallica.bnf.fr/iiif/ark:/12148/btv1b10110846m/f38/pct:0,0,50,100/,700/0/native.jpg

Strasbourg, Médiathèque André Malraux, ms f 15, p. 74.

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 Notes

156. François Joseph Paul de Grasse du Bar, marquis de Tilly, est né en 1722. Il est successivement garde de la marine en 1734, capitaine de vaisseau en 1762, chef d’escadre en 1778, lieutenant-général en 1781. On se réfère généralement à lui en tant qu’amiral de Grasse (et non pas de général comte). Il quitte Brest en mars 1781 à la tête de 26 vaisseaux de guerre et fait route vers les Antilles. Il reçoit à son arrivée à Saint-Domingue le message de Washington et de Rochambeau l’enjoignant de remonter vers la baie de la Chesapeake pour bloquer Cornwallis par la mer et faire face à d’éventuels renforts britanniques. De Grasse accepte ce plan inattendu, embarque 3 000 hommes placés sous les ordres du marquis de Saint-Simon (trois régiments de Saint-Domingue) et vogue vers le nord. De Grasse arrive le 30 août dans la baie et débarque les troupes. Le 5, la flotte anglaise commandée par l’amiral Graves découvre la flotte française dans la baie. S’ensuit un combat indécis qui se conclut par la retraite de la flotte anglaise. La « bataille des Caps » ou bataille de la baie de Chesapeake est une victoire de la marine royale de grande amplitude puisque qu’elle scelle le sort de Cornwallis et de son armée, enfermée à Yorktown. De Grasse est de ce fait acclamé par les Américains et par Washington comme l’un des principaux artisans de la victoire de Yorktown. De Grasse est néanmoins défait l’année suivante à la bataille des Saintes par l’Amiral Rodney le 12 avril 1782 où il est fait prisonnier. Disgracié suite à cette défaite implacable, le comte de Grasse Tilly meurt le 11 janvier 1788. Voir Jonquière (Christian, de la), Les marins français sous Louis XVI, Guerre d’Indépendance Américaine, Muller éditions, 1996, p. 125. Cf. Jean Baptiste Mauzaisse, François Joseph Paul, comte de Grasse, lieutenant général des armées, huile sur toile, 1842, Versailles, château de Versailles et de Trianon [reproduction en ligne - RMN].
157. Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert Du Motier, Marquis de La Fayette. Fils de Michel Louis Christophe Roch Gilbert, colonel tué à la bataille de Minden en 1759. Lafayette est né au château de Chavaignac le 6 septembre 1757. Il connaît une courte carrière militaire (mousquetaire en 1771, sous-lieutenant au régiment de Noailles en 1773, capitaine en 1774) avant de partir en 1777 pour servir dans l’armée américaine avec le grade de major-général. Membre de l’état-major du général Washington, il est blessé à la jambe lors de la bataille de Brandywine. Lafayette devient un proche du général Washington et gagne l’estime du Congrès. On lui confie dès lors des troupes avec lesquelles il fait bonne figure face à l’armée britannique (Barren Hill, Monmouth Courthouse). Une fois l’alliance française acquise, il retourne en France en 1779 pour plaider en faveur de l’envoi de renforts en Amérique. En 1780 il traverse à nouveau l’Atlantique, où Washington lui confie la défense de la Virginie face à Arnold puis Cornwallis. À la tête d’un petit millier d’hommes, il parvient à faire face au corps de Cornwallis, qui bat en retraite vers la baie de Chesapeake, épuisé. En retenant Cornwallis dans la péninsule de Jamestown (bataille de Green Springs) il permet l’encerclement de l’armée anglaise par terre puis par mer. Pendant le siège de Yorktown, il mène l’assaut des Américains sur la redoute n° 10. Il rentre en héros à Paris début 1782, il est promu maréchal de camp. Député de la noblesse aux États-Généraux, il est nommé commandant de la Garde nationale le 15 juillet 1789, puis lieutenant-général en 1791. Sa popularité chute sévèrement après la fuite et l’arrestation du roi à Varennes et le massacre du Champs de Mars. En tant que « modéré » sa position devient de plus en plus difficile, d’autant plus qu’il défend avec Rochambeau l’arrêt de l’offensive face aux Autrichiens. Définitivement discrédité, il émigre en août 1792, il est arrêté par les Autrichiens, et détenu jusqu’en 1797. Il ne joue plus de rôle public avant de devenir député libéral en 1818. Il fait un retour triomphal aux États-Unis en 1824. Son influence politique est forte après la chute de Charles X et l’accession de Louis Philippe qu’il soutient. Il est nommé commandant de la Garde nationale le 29 juillet 1830. Député en 1831. Il meurt à Paris le 20 mai 1834. Voir Bodinier (Gilbert), Dictionnaire des officiers de l’armée royale, SHAT, éditions Mémoires et documents, 2005, p. 167 ; Olivier (Philippe), Bibliographie des travaux relatifs à Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757-1834), Institut d’études du Massif-central, Clermont-Ferrand, 1979 ; Kramer (Lyod), La Fayette in two worlds : public cultures and personal identities in an age of Revolution, Chapel Hill, University of North Carolina, 1996]. Cf. Le Paon (Jean Baptiste), Le Marquis de La Fayette, eau-forte, fin XVIIIe siècle [reproduction en ligne - RMN].