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vers deux heures de l’après-midi il y eut un calme plat qui dura toute la nuit jusqu’au matin.

nachmittag gegen 2 Uhr bekamen wir Kalm, welcher die gantze Nacht durch biß gegen Tag anhielte.

Le 3, nous eûmes de nouveau un peu de vent, toujours du sud-est.

Den 3ten hatten wir wiedrum etwas Wind, von der nemlichen sud-östlichen Seite.

Le 6, nous eûmes un vent d’est très agréable si bien que nous cinglâmes vers l’Amérique dans la joie. L’après-midi vers 4 heures, nous rencontrâmes un navire marchand suédois[38] qui faisait route vers les Indes occidentales[39].

Den 6ten bekamen wir Wind von östlicher Seite und sehr angenehm daß wir mit Freuden nach America seegelten. Nachmittag gegen 4 Uhr begegnetten uns ein schwedisches Kauffmans-Schiff, welches seinen Weg nach West-Indien hatte.

Le 10, l’horizon se montra à nouveau un peu brumeux et il y avait un vent fort.

Den 10ten zeigte sich der Horizont wiedrum etwas neblicht mit starckem Wind.

Le 18, encore du bon vent d’est.

Den 18ten noch guten Wind; von östlicher Seite.

Le 19, vers 5 heures du soir, un matelot cria depuis le mât du milieu qu’il apercevait un navire côté sud, qui lui semblait être un vaisseau de guerre[40] : dès que le commandant l’eut entendu il fit signe à la frégate Carelle[41] de se mettre en chasse pour voir de quel navire il s’agissait. La frégate revint et annonça qu’il s’agirait d’un navire de guerre anglais.

Den 19ten abends gegen 5 Uhr ruffte ein Matroß vom mittlern Mast-Baum er thätte ein Schiff sehen gegen südlicher Seite, welches ihm als ein Krieg-Schiff scheinete : sobald der Comandant dieses vernahm gabe er gleich Zeichen, daß die Fregatte Levrette solte auf die Jagd gehen um zu sehen was es für ein Schiff seye. Das Fregat kame wieder zurück und brachte Ordre daß es ein englisch Krieg-Schiff wäre.

Le 20, au lever du jour, on vit 2 gros navires du même côté ; la frégate et le navire de guerre l’Éveillé se mirent aussitôt en chasse. Vers 8 heures on vit encore 6 navires. Le commandant fit signaler sur le champ à tous les bâtiments de guerre et aux frégates de se tenir prêts pour la bataille, et aux navires de transport de rester groupés en formation triangulaire aussi bien qu’ils le pourraient[42].

Den 20ten Juny morgens bey Anbruch des Tags sahe man 2 grosse Schiffe auf der nemlichen Seite; das Fregatt nebst dem Krieg-Schiff L’eveiller gingen gleich wieder auf die Jagd. Gegen 8 Uhr sahe man noch 6 Schiffe. Der Comandant gabe gleich Zeichen daß sich alle Krieg-Schiffe und Fregaten sollten schlachtfertig halten, die Transport-Schiffe aber solten sich zusammen so viel als möglich wäre in einem Dreyangel halten.

https://gallica.bnf.fr/iiif/ark:/12148/btv1b10110846m/f8/pct:50,0,100,100/,700/0/native.jpg

Strasbourg, Médiathèque André Malraux, ms f 15, p. 15.

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 Notes

38. Les routes maritimes atlantiques sont des itinéraires communs, surtout la route du sud. La rencontre en haute mer est ainsi un événement remarquable mais pas exceptionnel. Cela dit, l’origine du navire en question est plutôt surprenante car la Suède n’est pas une puissance présente de façon durable dans les Antilles ou en Amérique. Flohr mentionne pourtant une seconde rencontre avec un navire suédois au cours du trajet retour, le 25 mai 1783 (voir page 300), ce qui soulève des interrogations quant à la manière dont l’auteur a utilisé ses notes.
39. Le terme d’Indes occidentales est une dénomination tombée en désuétude en France au XVIIIe siècle. Il est en revanche est plus usité dans la langue anglaise (« West Indies ») qu’en français où l’appellation « Antilles » permet de désigner en termes géographiques l’ensemble des îles situées dans l’espace caribéen.
40. Les vaisseaux de guerre sont les bâtiments les plus imposants des flottes du XVIIIe siècle. Très lourds, peu maniables, on les nomme les « forteresses flottantes ». Ces vaisseaux sont classés en fonction du nombre de canons qu’ils transportent. Aux vaisseaux de 64 du XVIIe siècle, le XVIIIe préfère les vaisseaux de 74, construits en série. La marine française possède également des vaisseaux de 80 comme le Duc de Bourgogne. Les plus grands de ces vaisseaux peuvent dépasser les cent canons, mais sont en général trop peu maniables. Leur entretien étant très coûteux, ces vaisseaux ne sortent en mer que lors des guerres, et restent le plus souvent au port en période de paix, les missions quotidiennes étant laissées aux frégates.
41. Une frégate est un bâtiment de guerre de taille intermédiaire, plus petit que le vaisseau de ligne, et plus grand que la corvette. À la fois rapides et bien armées, les frégates peuvent aussi bien participer aux combats qu’être chargées de missions de reconnaissance. Ces navires présentent généralement entre 32 et 44 canons, et embarquent de 250 à 450 hommes.
42.  Cf. Trumbell (John), Combat naval entre les Anglais et les Français, estampe, 1776 [reproduction en ligne - RMN].