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Bien qu’il leur fût interdit de tuer des Français, il n’y eut pas de pardon lorsqu’ils en attrapaient un : car quand ils étaient tués on ne pouvait plus distinguer s’il s’agissait de Français ou d’Américains. Plus d’un Français et plus d’un Allemand périrent dans ces conditions par leur main.

Es ware ihnen wohl verbotten, keine Franzosen umzu-bringen, aber doch rayure wann sie bekammen, ware doch kein Parton vor sie : Dann wann sie umgebracht, konte man sie nicht mehr erkennen , ob es Franzosen oder Americaner waren. Mit diesem Beding aber mußten manche Frantzosen und Deutschen von ihnen gepeiniget werden.

Quand ils pouvaient faire prisonnier un officier américain, ils l’attachaient à un arbre, le dépouillaient entièrement de ses vêtements et transperçaient son corps avec des pieux pointus ou des couteaux, et quand ils voyaient qu’il allait rendre l’âme, ils prenaient de la paille ou toutes sortes d’autres choses dans lesquelles ils l’enveloppaient avant d’y mettre le feu et de le brûler encore vivant.

Wann sie einen Officir von den Americanern gefangen bekommen, so banden sie ihn an einen Baum und zogen ihn ganz nackend aus und stachen im den Leib gantz voll Löcher mit spitzen Hölzern oder Messern, wann sie sahen, daß er den Geist aufgeben wolte nahmen sie Stroh oder sonst dergleichen Sachen und umwickelte ihnen damit und verbrenneten ihn noch lebendig.

Le 6 mars, nous fournissions encore un détachement pour embarquer parce que l’amiral voulait entreprendre une sortie jusqu’à la baie de Chesapeake[92]. Le général des Anglais, Arnold[93], y traitait en effet de façon fort barbare les habitants qu’ils pendaient tout vifs.

Den 6ten Märtz gaben wir wiedrum ein Detachement auf die Schiffe weilen der General zu Wasser eine Ausfahrt machen wolte gegen der Bucht von Chessabeck, Weilen allda der General Arnold von den Engelländer sehr unbarbarisch haussete mit denen Einwohnern welche sie lebendig aufhängeten.

Ce détachement se composait de 18 hommes de chaque compagnie de tous les régiments ainsi que de la compagnie des grenadiers du régiment Soissonnais[94]. Ainsi que

Dieses Detachement bestunde aus 18 Mann von jeder Compag[nie] von allen Regimenter nebst noch der Grenadir Compag[nie] vom Regiment Soissonois. Wie auch

[réclame]

Jäger

https://gallica.bnf.fr/iiif/ark:/12148/btv1b10110846m/f15/pct:50,0,100,100/,700/0/native.jpg

Strasbourg, Médiathèque André Malraux, ms f 15, p. 29.

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 Notes

92. L’amiral en question n’est plus de Ternay mais le chevalier Destouches, commandant par intérim de l’escadre de Newport. Destouches voulait en effet monter une expédition (avec l’accord de Washington et Rochambeau) pour porter assistance à Lafayette envoyé par Washington en Virginie afin de faire face à Benedict Arnold. Environ 1 600 soldats français devaient débarquer en Virginie, en partant de Newport, sous l’égide de Destouches et de la flotte. Les troupes ne purent débarquer à cause de la rencontre fortuite des flottes françaises et anglaises près du cap Henry, et de la bataille qui s’ensuivit (dont parle Flohr à la page suivante).
93. Ce « général des Anglais », Benedict Arnold, ne jouit pas de titre depuis très longtemps. Voir infra la note 121 consacrée à sa biographie.
94. Les compagnies de grenadiers sont des compagnies de première ligne. Armées de grenades, ces hommes avaient pour rôle de créer et d’exploiter les brèches lors des assauts menés à l’occasion d’un siège. Ils progressaient donc en avant du reste des assaillants. Avec les guerres de la Révolution et de l’Empire, les sièges se faisant plus rares, les grenadiers sont devenus des troupes d’élite au sein de l’infanterie.